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Du droit de visite

Le Président de la République, au cours d’une interview dans le magazine Elle, vient d’avancer la proposition d’établir un devoir de visite au motif d’assurer la bonne éducation des enfants. Derrière un vernis de bon sens, la proposition a toutefois du mal à se confronter à la réalité.

En tant qu’avocat, je suis habituée aux situations complexes, aux couples, avec ou sans enfants, qui divorcent, se séparent et se déchirent parfois au terme de violences physiques, morales, souvent d’assujettissements financiers et/ou psychologiques. La Justice, au nom du peuple français, examine chaque situation, donnant la parole à chacune des parties. La Justice, ses avocats, ses juges, ses greffiers et ses procureurs participent à ce chemin compliqué, forcement compliqué, qui se conclue par des décisions qui essaient d’être adaptées : partage de l’autorité parentale, garde partagée ou exclusive des enfants, pension alimentaire ou pas… Le système n’est pas parfait, tant s’en faut, mais chacun essaie de faire au mieux. Ce sont majoritairement les femmes qui obtiennent la résidence principale des enfants.

Ma réalité en tant qu’avocat est aussi d’aider au quotidien des femmes qui ont des métiers sans carrière, des métiers où l’on paie mal et au terme desquels les pensions de retraite seront en moyenne de 40 % inférieure à celle des hommes.

Dans la réalité, lorsqu’il y a violence, ce sont majoritairement des hommes qui en sont à l’origine, à l’encontre de leur conjointe et vis-à-vis de leurs enfants. Comment penser que de mauvais conjoints deviendront de bons éducateurs pour leurs enfants ? Comment imaginer que de mauvais conjoints ne mettront pas en danger et ne constitueront pas une pression pour leurs ex-conjointes ?

Derrière ce devoir de visite se cache en fait un concept simpliste : l’éducation équilibrée des enfants ne serait possible qu’en présence d’un papa et d’une maman. Cette idée n’est pas qu’un recul violent pour les couples homosexuels, c’est une insulte pour celles que l’on désignait avec une condescendance pudibonde les filles-mères ou les millions de femmes séparées, qui toutes composent entre vie professionnelle et éducation de leurs enfants.

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