la problématique du syndrome d’aliénation parentale
L’aliénation parentale découverte et définie en 1985, par Richard A. Gardner, professeur en pédopsychiatrie et psychanalyste de la Colombia University de New-York est définie comme suit : « L’aliénation parentale est un processus qui consiste à programmer un enfant pour qu’il haïsse un de ses parents, sans que ce ne soit justifié. Lorsque le symptôme est présent, l’enfant apporte sa propre contribution à la campagne de dénigrement du parent aliéné. »
Les définitions juridiques sont plutôt orientées vers :
– Un enfant (habituellement dont les parents sont engagés dans une séparation très conflictuelle) qui s’allie fortement à l’un de ses parents (le parent préféré) et rejette la relation avec l’autre parent (le parent aliéné) sans raison légitime
– l’enfant exprime seulement de la difficulté à voir le parent aliéné mais au stade ultime, qui peut être atteint en quelques mois, le seul mécanisme de survie pour l’enfant pour s’arracher à sa culpabilité et soulager sa souffrance est le clivage, la disparition de l’autre parent.
– De nombreuses recherches scientifiques ont mis en lumière les conséquences de ce clivage pour l’enfant
– L’enfant, tout au long de ce processus, devient « l’instrument de la disqualification d’un parent par l’autre »
– les fausses allégations et les non-présentations d’enfants se multiplient, toujours à l’encontre du parent aliéné
– La Cour européenne des droits de l’homme s’y réfère expressément pour sanctionner les États qui n’auraient pas mis en œuvre des actions rapides et efficaces afin de protéger la relation de l’enfant avec son parent tant sur le fondement de l’article 8 (protection de la vie familiale) que sur le fondement de l’article 6, paragraphe 1 (célérité de la procédure)
La problématique de l’aliénation parentale envahit de plus en plus les audiences des juges aux affaires familiales et concernerait 13% des enfants de parents séparés, dont 6% d’une manière grave. De même, ces situations augmentent depuis de nombreuses années sur la scène des juges des enfants, voire constituent la grande majorité de leurs dossiers.
La justice familiale souffre d’une absence de spécialisation de nombre de juges et d’avocats. De plus, le fonctionnement actuel du judiciaire, la procédure, le système judiciaire sont une des causes du syndrome d’aliénation parentale et de son développement.
En réalité, le Juge aux affaires familiales, tout comme le juge des enfants, tient un discours contradictoire : le système judiciaire favorise en effet le développement du SAP, et conséquemment le Juge aux affaires familiales ou le juge des enfants passe une partie de son temps à essayer de le régler, en stigmatisant l’un ou l’autre des parents.
Cette situation ne peut plus perdurer : une mère, qui protège ses enfants de violences intra-familiales, ne doit pas être qualifiée de parent aliénant, et ce d’autant plus que le Ministère de la justice a publié dans son 4ème plan de Prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes (2014-2016), une proscription du SAP :
« Dans les cas de violences conjugales ou de violences faites aux enfants, l’allégation du « syndrome d’aliénation parentale » soulève de réelles difficultés. Elle conduit à décrédibiliser la parole de la mère, exceptionnellement du père ou de l’enfant, et par conséquent à en nier le statut de victime en inversant les responsabilités. Or, aucune autorité scientifique n’a jamais reconnu un tel « syndrome » et le consensus scientifique souligne le manque de fiabilité de cette notion. Il n’est reconnu ni par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM5) ouvrage de référence de l’association américaine de psychiatrie (APA), ni par la classification internationale des maladies publiée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La recherche démontre que les fausses allégations de maltraitance ou de négligences sur les enfants sont marginales.
Une femme victime de violences, une mère qui protège ses enfants n’exprime ni haine, ni ressentiment, ni colère, contre le père : elle les défend.